Prêt immobilier sénior sans assurance : est-ce possible ?
Ce n’est malheureusement pas un secret : plus on prend de l’âge, plus il est difficile d’emprunter. Car les assureurs ont tendance à exclure les aînés de l’assurance emprunteur. Mais pas d’inquiétude, il existe de nombreuses solutions pour faire un prêt immobilier senior sans assurance !
Le prêt immobilier senior : pourquoi c’est compliqué d’obtenir une assurance ?
Déjà, mettons fin à une idée reçue : il n’existe pas d’âge maximum pour emprunter. Toutefois, plus on vieillit, plus on fait courir de risques de défaillance dans le remboursement de l’emprunt, du fait de la diminution des revenus à la retraite. Une affirmation à nuancer toutefois, car les seniors peuvent aussi disposer d’un patrimoine important à cette échéance.
En parallèle, l’espérance de vie augmente (79.1 ans pour les hommes, 85.1 ans pour les femmes). La durée moyenne d’un emprunt étant de 249 mois, soit un peu plus de 20 ans, vous devriez pouvoir emprunter jusqu’à 60 ans !
En réalité, là où le bât blesse, c’est au niveau de l’assurance emprunteur. Statistiquement, plus l’emprunteur est âgé, plus le risque de maladie et de décès augmente. Ce qui se traduit par une surcote sur la prime d’assurance, voire carrément une exclusion de l’assurance.
Et si l’assurance de prêt n’est pas elle non plus obligatoire, vous n’obtiendrez pas de crédit immobilier si vous ne souscrivez pas un contrat. Aucune banque n’acceptera de vous prêter de l’argent, eu égard au risque. Il vous reste donc à envisager l’une des solutions que l’on vous propose juste après.
Quelles options pour un crédit immobilier sénior sans assurance ?
Pour obtenir un emprunt immobilier sénior sans assurance, vous devez soit proposer une autre garantie à la place, soit mobiliser vos proches, soit opter pour un montage sans financement bancaire.
Le prêt hypothécaire
Vous devez déjà posséder un bien immobilier libre de tous crédits pour prétendre à ce type de prêt. Comme son nom l’indique, il est associé à une hypothèque. En contrepartie de l’inscription de cette garantie au service de publicité foncière, vous obtenez un capital représentant 50 à 70 % de la valeur de l’appartement ou de la maison.
Petit bémol : ce produit reste rare à trouver. Il est distribué par une poignée d’organismes financiers, qui le réservent à des emprunteurs au patrimoine immobilier plutôt étendu, et imposent souvent des conditions comme une valeur minimale du logement hypothéqué (de plusieurs centaines de milliers d’euros) et de capital emprunté (idem).
S’agissant du remboursement, il peut être par amortissement du capital, ou in fine (vous soldez le capital en une seule fois, à l’ultime échéance).
Le prêt viager hypothécaire
Le prêt viager hypothécaire permet au propriétaire d’un bien immobilier d’obtenir un capital en contrepartie d’une hypothèque sur son logement, qui sera remboursé après le décès.
Il existe deux modalités de remboursement des intérêts :
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L’emprunteur ne rembourse rien de son vivant, ni capital, ni intérêts. Ceux-ci seront réglés soit par les héritiers à l’ouverture de la succession s’ils souhaitent conserver le bien, soit l'établissement prêteur vendra le logement pour apurer la dette ;
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L’emprunteur rembourse les intérêts chaque mois ou trimestre, le capital étant soldé au décès, par les héritiers ou vente de la banque.
Plusieurs conditions à remplir :
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Le logement doit être affecté à l’usage d’habitation ;
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Il doit être entretenu pour ne pas perdre de valeur ;
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Vous pouvez le louer uniquement si la banque est d’accord.
Le montant du capital empruntable varie en fonction de la valeur vénale du bien, l’âge et le genre.
Le prêt hypothécaire cautionné
Le prêt hypothécaire cautionné (PHC) est garanti à la fois par une hypothèque sur un bien immobilier et par une caution proposée par un organisme spécialisé. C’est cette double protection grâce à laquelle l’établissement bancaire peut saisir et revendre le bien immobilier ou actionner la caution, qui offre la possibilité aux seniors d’emprunter sans assurance.
Réservé aux emprunteurs âgés d’au moins 60 ans, ce prêt donne droit à un capital représentant jusqu’à 70 % de la valeur du bien donné en gage. Son montant est calculé en fonction de la valeur, mais aussi de l’âge de l’emprunteur et de sa capacité de remboursement.
Contrairement aux autres prêts hypothécaires, le PHC se rembourse uniquement par amortissement. Vous payez donc chaque mois une fraction du capital restant dû et des intérêts.
Enfin, l’espérance de vie statistique influe également sur la durée du prêt, généralement plus courte qu’un crédit classique : entre 5 et 15 ans.
Le prêt in fine avec nantissement
Avec un prêt in fine, vous remboursez uniquement les intérêts pendant toute la durée du prêt, puis le capital en une seule fois, lors de l'ultime échéance. Un produit risqué, donc, pour les banques, ce qui se traduit par un taux d’intérêt plus élevé que celui d’un prêt amortissable.
Pour se prémunir contre le risque, les établissements financiers exigent ce que l’on appelle un nantissement. Vous allez leur consentir un gage sur un produit d’épargne sécurisé, comme, par exemple, le fonds en euros d’une assurance vie.
A minima, vous devez nantir 30 à 50 % du capital sur ce support d’épargne. Mais si vous pouvez apporter plus, vous pourrez tenter de négocier la suppression de l’assurance emprunteur.
À savoir : si votre projet d’acquisition porte sur un investissement locatif, et que vous optez pour le régime réel pour l’imposition des loyers, vous pourrez déduire l’intégralité des mensualités.
Le crédit entre particuliers
Le prêt entre particuliers (ou "crédit de gré à gré") consiste à conclure un accord de prêt directement entre deux personnes physiques, sans passer par une banque ni un établissement de crédit. Il peut se faire dans un cadre familial, amical ou via une plateforme spécialisée.
Bien que ce type de prêt échappe à certaines règles du crédit à la consommation, il reste encadré par le Code civil. À partir de 1 500 €, un écrit devient obligatoire (article 1359 du CC). Même en dessous de ce seuil, on vous conseille vivement de formaliser l’accord par :
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Un contrat de prêt (formulaire CERFA n°10142 / 2062), ou
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Une reconnaissance de dette manuscrite, datée et signée par l’emprunteur.
Ces documents doivent mentionner le montant prêté, la durée du prêt, les modalités de remboursement, et le taux d’intérêt éventuel.
Attention, vous devez déclarer le prêt aux impôts s’il est consenti moyennant un taux d’emprunt. Le prêteur devra déclarer les intérêts dans la rubrique des revenus de capitaux mobiliers.
La donation en ligne directe
Autre possibilité si vos héritiers sont à l’aise financièrement : la donation en ligne directe. Pour encourager la construction de logements neufs, l’État propose une exonération temporaire de droits de donation si votre achat immobilier concerne la résidence principale neuve.
Les enfants et petits-enfants peuvent ainsi donner à leurs parents ou grands-parents jusqu’à 300 000 euros en franchise d’impôts. Pas de crédit, pas besoin d’assurance ! Le logement pourra ensuite être transmis dans le cadre de la succession.
L’achat ou la vente en viager libre
La vente en viager libre est une forme de transaction immobilière dans laquelle le vendeur (crédirentier) cède la pleine propriété de son bien à l'acheteur (débirentier) en échange d'un paiement initial (le bouquet) et d'une rente viagère.
Il en existe deux formes :
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Le viager occupé. Il vous autorise à rester dans le logement, ce qui ne vous intéresse pas vu que vous avez un autre projet immobilier ;
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Le viager libre. Vous quittez le logement, mais vous percevez le bouquet au jour de la vente, puis les rentes à vie, celles-ci pouvant être réversibles sur le conjoint survivant. L’avantage du viager libre, c’est que ces sommes seront plus élevées qu’en viager occupé, car vous ne vous verrez pas appliquer de décote pour le droit d’occupation du logement.
Autre possibilité, acheter vous-même en viager, si vous avez assez d’épargne pour le bouquet et de revenus pour supporter la rente. Vous n’aurez pas à souscrire d’assurance à souscrire !
La vente en réméré
Ultime solution, la vente à réméré, également appelée vente avec faculté de rachat. Elle permet à un propriétaire de vendre son bien tout en conservant la possibilité exclusive de le racheter ultérieurement, dans un délai maximal de cinq ans.
Quel intérêt ? Vous pouvez transformer un actif en liquidité, et vous n’êtes aucunement contraint de racheter le logement à l’issue de l’opération. À nouveau, vous n’aurez pas besoin d’emprunter, ce qui vous libère de l’obligation d’assurance.
L’acquéreur vous paiera le prix du bien au jour de la vente, prix qui sera décoté pour tenir compte du risque que vous ne rachetiez pas le logement à l’issue de l’opération. À la revente au bout de 5 ans, vous fixerez vous-même le prix sur le marché. Vous rembourserez le premier acheteur du prix de vente et conserverez la différence.