Peut-on surenchérir sur une offre d'achat ?
Sur un marché immobilier où les biens attractifs se vendent en quelques jours, voire quelques heures, grande est la tentation de surenchérir sur une offre d’achat. Mais en avez-vous le droit ? Quels sont les risques à se positionner au-dessus du prix annoncé ? Existe-t-il des alternatives ? Réponses !
Qu’est-ce que la surenchère sur une offre d’achat ?
L’offre d’achat est un document par lequel un acquéreur manifeste par écrit sa volonté d’acheter un bien au prix déterminé par le vendeur. Elle exprime une intention ferme, mais n’engage que celui qui la rédige. Tant que le vendeur ne l’a pas acceptée par écrit, il reste entièrement libre de poursuivre les visites et d’attendre les propositions d’achat d’autres candidats.
La surenchère, elle, correspond au fait de formuler une proposition d’achat d’un montant supérieur au prix indiqué dans l’annonce. Elle peut donc intervenir à deux moments :
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En proposant directement une offre à un prix supérieur ;
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En réaction à un autre candidat acheteur, qui a fait une meilleure proposition. Dans ce cas-là, on parlera d’une contre-proposition d’achat. La précision est importante, car une contre-proposition d’achat rend l’offre d’achat initiale caduque.
Pourquoi surenchérir sur une offre d’achat ?
Dans les zones en tension foncière et locative, l’offre reste structurellement supérieure à la demande. Les biens immobiliers bien situés, bien entretenus ou simplement au bon prix partent en quelques heures.
La hausse des taux d’emprunt a également réduit la capacité d’emprunt d’une partie des acheteurs, ce qui renforce la tension sur les biens encore accessibles. À la clé, une forte compétition entre les acquéreurs.
Dans ce contexte, surenchérir sur le prix devient un moyen de se démarquer des autres candidats auprès du vendeur. Vous lui montrez que vous êtes réellement motivé à passer la vente.
Face à plusieurs propositions d’achat, le vendeur choisira naturellement celle qui lui a été faite au meilleur prix. À condition toutefois que l’acquéreur présente en parallèle un dossier en béton.
Est-ce légal de surenchérir sur une proposition d’achat ?
Vous lirez ici et là que la surenchère est interdite entre particuliers, et autorisée si la vente est passée par un agent immobilier. En réalité, aucun texte ne s’oppose formellement à cette pratique. Tout dépend du moment où intervient la surenchère.
Avant acceptation de l’offre d’achat : liberté totale du vendeur
Avant l’acceptation écrite du vendeur, surenchérir est parfaitement légal. L’offre d’achat ne crée aucune obligation pour le vendeur, qui peut continuer les visites, négocier ou choisir une offre plus élevée.
Même une offre au prix ne l’engage pas tant qu’il n’a pas formalisé son accord. Comme le précise la Cour de Cassation dans un arrêt du 22 juin 2023, une offre au prix vaut vente uniquement si elle est acceptée sans réserve par le vendeur.
Le vendeur peut ainsi refuser une proposition, négocier avec un candidat ou retenir un acheteur présentant un meilleur dossier financier.
Le vendeur passe par un agent immobilier pour vendre son bien ? La règle est la même. En tant que mandataire d’entremise, l’agent n’a aucun pouvoir pour engager le vendeur. Son rôle se limite à relayer l’offre et à informer son mandant. Il ne peut pas choisir l’offre la mieux-disante lui-même : c’est son client qui décide ou non de l’accepter.
Après acceptation : la vente est formée (art. 1583 C. civ.)
En revanche, dès qu’une offre ferme est acceptée par écrit, la vente est « parfaite » au sens de l’article 1583 du Code civil. Les deux parties étant d’accord sur la chose et sur le prix, l’offre d’acquisition vaut vente. Elle devra se poursuivre sur la signature d’un compromis de vente ou d’une promesse de vente.
Dans ce cadre, surenchérir n’a plus aucune utilité : le vendeur ne peut plus accepter une offre à un prix supérieur. Dans un arrêt du 16 mars 2022, la Cour de cassation a rappelé qu’un vendeur ayant accepté une offre d’achat ne peut plus vendre au plus offrant (Cass. 3e civ., 16 mars 2022, n° 21-10.586).
S’il tente malgré tout d’accepter une nouvelle offre, il se place en situation de rupture contractuelle. L’acquéreur peut en principe agir en justice pour demander l’exécution forcée de la vente ou obtenir des dommages-intérêts.
Peut-on surenchérir sur une offre d’achat sur préemption ?
Le fonctionnement du droit de préemption
Le droit de préemption permet à 3 types d’acheteurs potentiels d’acquérir un bien en priorité, même lorsqu’un acheteur s’est déjà positionné. Sont concernés :
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La commune dans le cadre du droit de préemption urbain ;
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Le locataire occupant en cas de vente de son logement ;
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La SAFER, si le projet immobilier porte sur l’achat de biens ruraux et agricoles.
Une fois qu’un vendeur accepte une offre d’achat, le notaire ou l’agent envoie une déclaration d’intention d’aliéner (DIA) au préempteur compétent, comme la mairie de la commune. Ce dernier dispose alors d’un délai, en général de deux mois, pour décider d’acheter au prix convenu ou de renoncer à la vente.
L’impossibilité de surenchérir sur une offre d’achat lorsque la préemption est en cours
La surenchère ne peut produire aucun effet. Le préempteur ne participe pas à une mise en concurrence entre acheteurs : il se positionne seulement au prix souhaité par le vendeur..
Quels sont les risques de surenchérir sur une offre d’achat ?
Surenchérir n’est pas une décision anodine. Avant de proposer une hausse de prix, vous avez tout intérêt à procéder à une estimation de votre capacité d’emprunt, pour déterminer si oui ou non, vous parviendrez à financer le surplus du prix de vente.
Autre risque que vous courrez en proposant une surenchère : la moins-value. En effet, vous achetez un logement qui, potentiellement, vaut moins cher sur le marché que le prix que vous proposez. Lors de la revente, il n’aura peut-être pas pris assez de valeur pour que vous puissiez réaliser une plus-value immobilière.
Comment faire une surenchère sur une proposition d’achat ?
Surenchérir sur le prix ne fait pas tout ! Votre offre d’achat doit également être accompagnée d’un dossier solide pour convaincre le vendeur. Vous pouvez par exemple joindre une attestation de financement ou un accord de principe de votre banque.
L’attestation de financement, comme son nom l’indique, atteste que vos capacités financières sont suffisantes pour vous permettre de prétendre à un prêt immobilier. Vous rassurez ainsi le vendeur sur votre capacité à aller au bout de la vente.
Par ailleurs, vous devez rédiger une proposition d’achat en bonne et due forme, avec les mentions suivantes :
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Votre identité et celle de l’acheteur ;
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La désignation du bien et ses caractéristiques (adresse, typologie, surface loi Carrez) ;
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Le prix de vente que vous proposez, supérieure à celui attendu par le vendeur ;
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Les modalités de financement du prix, cash ou par le biais d’un crédit immobilier ;
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Les conditions suspensives, comme l’obtention d’un prêt immobilier, l’absence de servitudes ou d’hypothèque ;
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Le délai de validité de votre offre, généralement comprise entre 5 et 15 jours ;
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La mention “offre d’achat ferme”.
Quelles sont les alternatives à la surenchère pour décrocher le bien ?
Miser sur la qualité du dossier plutôt que sur le prix
Dans un marché concurrentiel, le prix ne constitue pas toujours le critère décisif pour un vendeur. Ils restent nombreux à privilégier un acquéreur fiable, capable d’aller au bout de la transaction sans se voir opposer un refus de financement.
Vous ferez donc la différence si vous présentez un dossier solide qui comprend :
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Un apport personnel suffisant, d’au moins 10 % du prix de vente ;
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La justification d’une situation professionnelle stable, par exemple avec un contrat de travail en CDI ;
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Un taux d’endettement maîtrisé, qui reste inférieur à 35 % ;
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Une attestation de financement délivrée par votre courtier.
Supprimer les conditions suspensives
Les conditions suspensives jouent un rôle important dans la sélection d’une offre d’achat, même lorsqu’elle est faite en surenchère. Particulièrement celle relative à l’obtention d’un crédit immobilier.
Pour vous démarquer de la concurrence, vous pouvez envoyer une offre d’achat sans conditions suspensives de financement. Et ce, sans risque ! Helloprêt vous propose en effet de prendre à sa charge l’indemnité d’immobilisation que vous versez au vendeur lors du compromis de vente, au cas où vous n’obtiendriez pas votre financement. C’est dire que nos intérêts sont alignés sur les vôtres !
N’hésitez pas, donc, à contacter un courtier, qui pourra vous accompagner tout au long de la transaction, de la simulation de votre capacité d’emprunt à la signature de la vente définitive chez le notaire.